Granule élémentaire typé et non-fissible de connaissance mesurable d'une compétence métier
Notion émergente en Gestion des Connaissances qui - à l'instar du
"quark", concept central de la physique des particules - sert de concept
positiviste central de la méthode KnoVA pour identifier, qualifier, formaliser, quantifier
et rationaliser les connaissances industrielles d'une compétence métier
donnée.
Dans le cadre de la métrique axiomatisée KnoVA-Quanta -
en lien avec la Théorie de l'Information de Claude Shannon, inventeur du bit (Binary digIT) - le cogniton
sert également de support à la mesure de la quantité cognitive (ie : la masse
cognitive) et de la qualité cognitive (ie : le poids cognitif) de connaissance
positive, exprimée respectivement en kit (Knowledge digIT) et en cit
(Certitude digIT).
Logo de la méthode positiviste de "e-KM for e-novation" KnoVA. |
Définition
Le cogniton est - dans le cadre d'une épistémologie positiviste - un granule élémentaire typé et non-fissible de connaissance mesurable d’une compétence métier donnée.
C'est une notion centrale du modèle KnoVA de "e-KM for e-novation"TM [1] pour la qualification et de quantification des connaissances industrielles.
Un ensemble logiquement structuré de cognitons constitue une compétence métier et est représenté graphiquement à l'aide d'un extremetexte [3].
Syn. : "connaissance métier" - Traduction anglaise : "cogniton".
Ex :
- la loi d'Ohm des électriciens,
- le principe de la dynamique des mécaniciens,
- l'énergie de masse d'un atome des physiciens des particules,
- le principe d'Archimède des hydrauliciens,
- la loi de Bernouilli des aérodynamiciens,
- la loi de Moore des informaticiens,
- le principe du tiers exclus des logiciens,
- le théorème de Thales des géomètres,
- le nombre d'or des architectes,
- le principe de prudence des gestionnaires d'entreprise,
- la loi de l'offre et la demande des économistes.
Discussion
Il existe une ambiguïté sémantique quand on parle de connaissance. Par exemple, on dit "je n'ai pas la connaissance pour faire ceci" comme on peut dire "je n'ai pas les connaissances pour faire cela" ... Stricto sensus, il vaudrait mieux dire "je n'ai pas la compétence pour faire ceci" et "je n'ai pas les cognitons pour faire cela".
Le Petit Larousse, grand format, édition 2001 définit :
- connaissance (au singulier) : n.f. 1. "... - Ce que l'on a acquis par l'étude ou la pratique. Ex : La connaissance de l'indien.",
- connaissance (au pluriel) : 1. "Ensemble de choses acquises par l'étude; savoir. Ex : Elle a des connaissances très étendues dans l'histoire de l'art.",
- compétent : adj. 1. "Qui a des connaissances approfondies dans une matière, qui est capable d'en bien juger. Expert compétent.".
Cette même ambiguïté existe quand on parle d'information, comme le définit toujours le Petit Larousse:
- information (au singulier) : n.f. 2. "Renseignement obtenu de quelqu'un sur quelqu'un ou quelque chose.",
- information (au pluriel) : "Émission de radio ou de télévision qui donne des nouvelles du jour.".
Afin de ne plus être limité par l'ambiguïté sémantique portée par le nombre
(singulier ou pluriel) de l'acception du terme "connaissance", le
concept de "cogniton" a été forgé en 1999, défini comme "granule élémentaire typé et non-fissible de connaissance métier" et documenté pour la première fois en 2000 [1].
Utilité
Combien de cognitons nécessaires pour concevoir et fabriquer le véhicule de sport le plus rapide de Monde ? |
- distinguer la connaissance de l'information, une connaissance "étant plus que de l'information", en particulier une information pouvant être fausse et relever de la désinformation,
- distinguer "la Connaissance" des connaissances constitutives d'une compétence particulière (ex de compétence : résoudre une équation du second degré, souder un châssis équipé d'un véhicule de compétition),
- postuler que "la Connaissance" d'un domaine donné peut se fragmenter en granules élémentaires typés et non-fissibles dénommés cognitons (ex de cogniton : discriminant d'une équation du second degré = b2-4ac : connaissance mathématique de type Contrainte),
- mesurer la masse cognitive du cogniton en kit (Knowledge digIT) à l'instar des informations qui sont mesurées en bit (Binary digIT),
- confronter la quantité de connaissance portée par un cogniton à l'expérience, la vérité, l'usage ... pour en mesurer le poids cognitif en cit (Certitude digIT) correspondant à la quantité de certitude,
- organiser ergonomiquement les connaissances d'une compétence métier donnée (ex : concevoir une carrosserie aérodynamique d'un véhicule de compétition) afin de pouvoir pratiquer et agir logiquement.
Exemples de cognitons
- "si le discriminant d'une équation du second degré est strictement négatif alors l'équation admet 2 racines complexes",
- "l'angle de dépouille pour démouler la fonte est de 6°",
- "3 types de guidage en rotation existent: les paliers lisses, les paliers hydrodynamiques et les roulements à billes",
- "le périmètre d'un cercle vaut ",
- "Napoléon gagne la bataille d'Austerlitz en 1805",
- "Paris est la capitale de la France",
- "l'énergie de masse vaut ".
Positionnement sémantique
Dans la théorie KnoVA, le cogniton est positionné dans un réseau sémantique précis :
- bit donnée information cogniton certitude compétence intelligence sagesse
avec :
- bit = particule logique élémentaire (valant 0 ou 1),
- donnée = fait objectif (ex: "il fait 15°C dans cet amphithéâtre"),
- information = interprétation subjective d'un ensemble de données (ex: "j'ai froid"),
- connaissance = cogniton = granule élémentaire typé et non-fissible de connaissance positive mesurable d'une compétence donnée (ex: "amphithéatre.température = 15°C"),
- certitude = cogniton dont la valeur de vérité est vraie (ex: "la température normale du corps humain est de 37°C"),
- compétence = ensemble logiquement structuré de cognitons permettant d'agir professionnellement (ex: savoir augmenter la température d'un amphithéatre),
- intelligence = capacité à faire accroître ses compétences au cours du temps,
- sagesse = capacité à utiliser éthiquement et collectivement ses compétences.
Principe ontologique K = I T du modèle positiviste KnoVA : axiome de mesure de la masse cognitive d'un cogniton et dont la masse vaut 1 kyte (soit 11,4 kits). |
Équation de mutation Information / Connaissance
Afin de transmuter l'information en connaissance, l'axiomatique du modèle KnoVA - dans son article fondateur de 2002 intitulé "Vers la mesure de la quantité de connaissance et de compétence industrielle" [4] - propose l'équation de mutation cogntive suivante (dite "principe ontologique du cogniton") :
avec :
- K = connaissance, mesurée en kit (Knowledge digIT),
- I = information porteuse de connaissance, mesurée en bit,
- = opérateur de filtrage cognitif consistant à reconnaître le type cognitif d'une information à partir de la taxinomie génésique T-KnoVA,
- T = type cognitif d'une information (ex : cogniton opératoire, cogniton comportemental, cogniton terminologique, cogniton expérimental, cogniton capacitif, cogniton anthropologique, ...).
Armé du principe ontologique du cogniton, transformer une information en connaissance consiste à associer à une phrase informationnelle lexicalement et syntaxiquement correcte une méta-information correspondant à son type cognitif.
Cas de feu-Knol
L'invention en 2008 du concept de "knol" par Google est particulièrement intéressante au regard du concept de cogniton du modèle KnoVA. En effet, un knol de qualité peut être compris comme une molécule de cognitons ou "macro-cogniton".
Plateforme Knol proposée par Google en 2008 : tentative audacieuse d'implémentation du concept de "macro-cogniton". |
En particulier, parce que le concept de "knol" est définit comme "a Knowledge Mole" (ie: "unité de savoir"), la métaphore chimique proposée par Google renvoie notamment aux deux attributs majeurs du cogniton :
- la connaissance comme objet de formalisation (et non pas seulement l'information support de la connaissance),
- la quantité comme "mole de savoir" (représentable par un knol).
Du fait de son manque d'audience, la plateforme knol a été fermée par Google le 1er mai 2012.
Historique
Le cogniton est
un néologisme de Knowledge Management et de gestion des connaissances
inventé en 1999 par Prof. Patrick Serrafero et Dr Jean Louis Ermine dans
le cadre de travaux de recherche collaboratifs entre le Commissariat à l’Énergie Atomique et la société KAD/KAM International.
La métaphore de la physique des particules
fut inspirée à la fois par la culture atomiste du CEA, par une volonté
pédagogique de forger un concept évocateur pour clairement faire
comprendre que "la connaissance n'est pas de l'information mais bien plus que de l'information" et par une posture épistémologique positiviste opérationnelle permettant de formaliser des connaissances industrielles
(i.e. celles employées quotidiennement par les ingénieurs et les
techniciens pour concevoir, fabriquer et exploiter des machines et
produits industriels complexes).
L'article fondateur présentant pour la 1ère fois le concept de cogniton est intitulé "Cycle de vie, maturité et dynamique de la connaissance: des informations aux cognitons de l'Entreprise Apprenante" et fut publié en 2000 dans "Knowledge Management", Revue Annuelle 2000 des élèves des Arts et Métier, Ed. Dunod, p. 158-169.
Validation scientifique
Validation du modèle positiviste KnoVA au sein de l’Écurie EPSA, organisée en "Entreprise Apprenante" et qui capitalise et formalise systématiquement ses connaissances d'ingénierie depuis 2002. |
La mission de validation du concept fixé à l'écurie est : "tout en perdant 100% de son Bureau d’Étude tous les ans pour cause de diplômes des Centraliens, concevoir et fabriquer annuellement un véhicule écologique de compétition 20% plus performant que le prototype précédent".
Au 30 juin 2009, la quantité de connaissance capitalisée par l'EPSA sous forme de cognitons est de 25 435 kits.
Voir aussi
Références bibliographiques
- [1] les publications en ligne sur le cogniton et le modèle KnoVA.
- [2] Serrafero P., "Cycle de vie, maturité et dynamique de la connaissance : des informations aux cognitons de l’Entreprise Apprenante", Revue Annuelle ENSAM des Arts et Métiers sur le Knowledge Management, Edition Dunod, 2000, p. 158-169.
- [3] Roy J., Brisard J., Serrafero P., "De la représentation duelle à la représentation duale du couple connaissance/compétence : pour un langage commun et une vision partagée de l’action industrielle", 1er colloque du Groupe de Gestion des Compétences et des Connaissances en Génie Industriel, Nantes, Décembre 2002.
- [4] Serrafero P., "Vers la mesure de quantité de connaissance et de compétence industrielle : le modèle KnoVA", conférence invitée, 1er colloque du Groupe de Gestion des Compétences et des Connaissances en Génie Industriel, Nantes, Décembre 2002, www.iknova.com - Rubrique Publications.
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